ECRIRE
(dans le pas de Jacques Dupin)
Ecrire
dans l’incantation muette des amères forêts,
écrire sur le pelage ruisselant du chevreuil qui s’enfuit,
écrire contre la meute,
contre le doigt posé sur la gâchette,
contre l’ombre qui grogne
et grandit aux fenêtres,
écrire
dans la tumultueuse intempérance des révoltes,
pour harponner la langue à son urgence d’air
et voler au soleil des éclats d’espérance,
écrire
comme on remonte un fleuve
à contre sens
à corps perdu
écrire malgré tout
et surtout malgré soi,
son sac d’os claquant des dents,
son manque de lumière dans l’inconnu du jour
son amour menacé qui dans le vent se couche
écrire
d’autres mangeurs d’insomnie y trouveront leur cri
Clotilde MARCERON